D’abord des exercices d’assouplissement (40mots création) menés par Pierre A d’Auxilia avec la collaboration de Pierre Sanglier.
quarante mots
Fil rouge : incident, main, voisin
1. Récit 40 mots, 15 mn
Au petit matin une brume épaisse recouvrait le village. Plus personne ne semblait être VOISIN tant le brouillard séparait les propriétés ! C’est alors que l’INCIDENT éclata ! Ceux qui avaient la haute MAIN sur la région déclenchèrent les hostilités.
Pas mal. Mais bizarrement nous avons deux récits celui du brouillard et celui des hostilités. On peut les relier par une métaphore. Ce qui pourrait nous donner : Au petit matin une brume épaisse recouvrait le village. Les VOISINS ne pouvaient plus se voir tant le brouillard séparait les propriétés ! C’était la métaphore de l’INCIDENT qui éclata ! Ceux qui avaient la haute MAIN sur la région déclenchèrent les hostilités. (43 mots, 10 mn en plus)
2. Dialogue 40 mots, 15 mn
– Qu’en penses-tu ? Est-ce que ces deux pièces sont VOISINES ?
– Effectivement, elles se montent en parallèle sans INCIDENT
– Je savais qu’avec les MAINS de maître, ce vieux « clou » allait redémarrer.
– Arrête tes flatteries, prépare plutôt l’apéro.
Le sujet est bien, quoique difficile un peu limite. Les « mains d’orfèvre » conviendrait mieux. Enfin les impératifs des verbes en –er (1° groupe) ne prennent pas de –s à la seconde personne du singulier.
3. Essai 43 mots, 20 mn
Les relations entre VOISINS peuvent-elles se résumer en deux termes : INCIDENT et coup de main ?
Certes pas ! Quoique ? Dans mon cas, il y a le voisin de devant, celui des coups de MAIN et celui de derrière, celui des coups de vache.
Bien. Beaucoup d’humour. « celui du coup de main… celui du coup en vache » irait peut-être mieux mais je n’en suis pas certain.
4. Poème 44 mots, 20 mn
Mon VOISIN n’est pas un simple voisinage
Il est l’assurance d’un coup de MAIN !
Mon voisin n’est pas pédant
Je raisonne pour éviter les INCIDENTS
Mon voisin n’est pas un voisin de palier.
Il est un voisin pour parler.
L’anaphore (répétition de « mon voisin » 3 fois) est une bonne idée mais elle fonctionne mal. La bonne attaque serait « Mon voisin n’est pas qu’un voisin de palier. / C’est aussi un voisin pour parler. » On peut continuer en « Mon voisin n’est pas qu’un voisin / C’est l’assurance d’un bon coup de main. » et enfin « Mon voisin est toujours accommodant/ Ce qui évite tout incident. » Je reprends pour lisser l’ensemble :
Mon VOISIN vit sur notre palier.
C’est un bon voisin pour parler.
Mon voisin n’est pas qu’un voisin.
Toujours prêt pour un coup de MAIN.
Mon voisin est accommodant
Ce qui évite tout INCIDENT
(37 mots, 20 mn en plus)
Je pense à Robert Desnos (1900 – 1945)
C’était un bon copain
Il avait le cœur sur la main
Et la cervelle dans la lune
C’était un bon copain
Il avait l’estomac dans les talons
Et les yeux dans nos yeux
C’était un triste copain
Il avait la tête à l’envers
Et le feu là où vous pensez
Mais non quoi il avait le feu au derrière
C’était un drôle de copain
Quand il prenait les jambes à son cou
Il mettait son nez partout
C’était un charmant copain
Il avait une dent contre Etienne
A la tienne Etienne à la tienne mon vieux
C’était un amour de copain
Il n’avait pas la langue dans sa poche
Ni la main dans la poche du voisin
Il ne pleurait jamais dans mon gilet
C’était un copain
C’était un bon copain.
« Domaine public : langage cuit »
Ce travail préparatoire est utile pour expliquer le début du texte « Liberté » d’Eluard
200m commentaire 40m > 200m
Eluard (1895 – 1952) Liberté (Poésie et vérité 1942)
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
(40 Mots)
Etude de Pierre A
Ce poème est écrit sans ponctuation ! On note l’absence de rimes ! Mais une grande musicalité du texte. Ce texte a été composé pendant l’occupation nazie de la France. On peut y voir une sorte de message codé.
L’énumération de lieux, d’objets, de supports, comme un inventaire pour mettre en évidence le mot « liberté » pour donner corps à un sentiment.
Le mot « sang » fait apparaître une écriture très personnelle qui relève de l’intime.
Ce poème est un engagement passionné qui pourrait être adressé à une femme.
Paul Eluard fait appel à l’imaginaire du lecteur pour dévoiler le beau mot « liberté » qui ne sera écrit qu’à la fin.
Ce poème est écrit à la première personne du singulier. Ce qui nous permet de nous approprier les mots de cet hymne à la liberté.
La répétition de « j’écris ton nom » donne un rythme obsédant et fait penser à un refrain.
« Cahiers », « pupitres », « arbres », « sable », « neige »… Cette association d’idées relève de la poésie surréaliste.
Ce texte est une allégorie. Les êtres, les choses, la nature qui s’y trouvent sont animés par la liberté. A l’exemple du vent que l’on entend mais on ne sait pas où il va.
Ce poème incarne et révèle la liberté, celle qui devrait guider tous les peuples.
(214 mots, en fait 228 et 4 heures de rédaction).
Etude de Pierre Sanglier
Ce poème « est constitué de vingt-et-un quatrains tous formés, à l’exception du dernier, sur une structure identique : les trois premiers vers débutent par l’anaphore « Sur… » suivie d’un complément de lieu, et le dernier vers est un leitmotiv : « J’écris ton nom », en référence à la liberté. Le vingt-et-unième vers se termine par : « Pour te nommer ».
« Le titre initial du poème était Une seule pensée. « Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant », a confié Éluard. » (Wikipédia)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liberté_(poème)
Ce poème est construit sur des vers de 7 syllabes non rimés, y compris la dernière strophe qui dégage le sens de cette recherche personnelle :
« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer (4 +
Liberté. » (3 = 7 syll).
C’est la recherche d’un « écolier » qui entame une vie limitée d’abord aux « cahiers », au pupitre », puis plus largement à la nature (« arbres ») et à l’opposition « sable » / « neige ».
La seconde strophe évoque par métonymie les études longues du lycéen, de l’étudiant : « toutes les pages lues » mais marquées par des interrogations sans réponse (« pages blanches »). Ensuite l’énumération semble renvoyer à des certitudes (« pierre »), des combats (« sang »), des journaux (« papier »), des échecs (« cendre » du papier brûlé).
C’est aussi la métaphore et la description d’une vie faite d’incertitudes, de joies et d’échecs, recherche quasi métaphysique qui s’achève sur « liberté », amorce de la devise républicaine.
(344 mots – 168 mots empruntés à Wikipédia = 176 mots et environ 2 heures)
(au total : 660 mots, 3 700 caractères, 2016-03-01)
transmis par Roger et Alii
Retorica